vendredi 9 mai 2014

Un livre sur la mort bien sympathique (le livre pas la faucheuse bien-sûr !)

Je ne sais pas si les morts intelligentes existent, en revanche les morts stupides existent bel et bien ! 120 ont été recensées par 6 auteurs (historiens, chercheurs...) dans un recueil intitulé "La Tortue d'Eschyles et autres morts stupides de l'Histoire". Ce livre conte les fins tragiques et plutôt bêtes de personnalités diverses et variées (philosophes, écrivains, peintres, hommes politiques, danseuses, magiciens...)

"La Tortue d'Eschyles et autres morts stupides de l'Histoire" est un ouvrage plaisant et distrayant à parcourir. On glane, ici et là, des anecdotes croustillantes, on découvre des personnages historiques oubliés ou inconnus... On passe un fort bon moment et on sourit souvent !

Livre paru en 2012, aux éditions "les arènes"

Verso du livre.

Parmi ces morts, certaines sont plus notables que d'autres, plus romanesques...

Qui n'a pas rêvé en lisant les épopées de l'explorateur Jules-Sébastien-César Dumont d'Urville ? Celui même qui a découvert et offert à Louis XIII la célèbre Vénus de Milo, ce grand navigateur de l'Astrolabe qui, en 1840, posa le pied sur une nouvelle terre antarctique inconnue qu'il baptisa Terre Adélie, en  hommage à sa femme Adèle. Ce grand aventurier qui parcouru trois fois le tour de la Terre, trouva la mort dans un des premiers accidents ferroviaires de l'histoire à Meudon... en banlieue de Paris.

Si le romancier américain William Burroughs, un des associés de la Beat Generation, est décédé très tranquillement des suites d'une attaque cardiaque en 1997, il n'en est pas de même de sa femme ! Comme chacun sait, sa vie ne fût pas un long fleuve tranquille... Après avoir testé diverses drogues avec ses amis Jack Kerouac et Allen Ginsberg, il prend des vacances forcées au Mexique. Au cours d'une soirée bien (trop) animée avec Joan (aussi atteinte que lui), il lui prend de reconstituer Tell en direct ! Il sort alors un pistolet automatique. Il ne visera pas la pomme mais... sa femme en pleine tête !

Quittons-nous sur une note de poésie avec l'histoire de Nicolas Gilbert, poète du XVIIIe. Nicolas-Joseph-Laurent Gilbert est le fils d'une simple paysan lorrain. Il est remarqué par son curé qui lui enseigne les lettres et le latin. Devenu jeune homme, le lorrain bat le pavé de Paris, bien décidé à faire reconnaître son talent. Or, la critique le démolit et "les grands du royaume, qu'il inonde de poèmes à leur gloire, ne lui jettent que quelques rogatons pour sa subsistance." (page 83) Gilbert vit alors comme un clochard. Un jour, il apprend qu'une riche famille cherche un précepteur ; il va trouver d'Alembert pour obtenir une lettre de recommandation. L'encyclopédiste lui promet son soutien - et s'empresse de faire donner la place à un autre... Dès lors, la guerre est déclarée ! Notre malheureux poète attaque non seulement les philosophes de l'esprit des Lumières mais aussi leurs protecteurs ! Au cours d'une bastonnade, il chute de cheval et est transporté à l'hôpital, avec sa cassette qui ne le quitte jamais. Il subit une trépanation qui le rend vraisemblablement zinzin car... il avale la clef de la cassette ! La clef reste coincée dans l'estomac le menant à l'agonie.

Huit jours avant sa mort, Nicolas Gilbert a composé la seule ode estimée de son oeuvre. La voici :

Les Adieux à la vie

Au banquet de la vie, infortuné convive,
J'apparus un jour, et je meurs ;
Je meurs, et sur ma tombe où lentement j'arrive,
Nul ne viendra verser des pleurs.

Salut, champs que j'aimais, et vous douce verdure,
Et vous, riant exil des bois !
Ciel, pavillon de l'homme, admirable nature,
Salut pour la dernière fois !

Ah ! puissent longtemps voir votre beauté sacrée
Tant d'amis sourds à mes adieux !
Qu'ils meurent pleins de jours ; que leur mort soit pleurée !
Qu'un ami leur ferme les yeux !

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